Attaché à sa ville natale (Montceau-les-Mines) qu’il ne quitta jamais plus de quelques jours, Henri Parriat fut pendant plus d’un quart de siècle, une figure incontournable de l’archéologie régionale.
      En 1932, il est nommé professeur à  Montceau, dans l’établissement où il avait été élève, l’École Primaire Supérieure (qui sera transformée plus tard en Collège nationalisé puis en Lycée polyvalent). Spécialisé dans l’enseignement des Sciences Naturelles et de la Chimie, il communique sa passion scientifique à  plusieurs générations de bacheliers montcelliens et suscite de nombreuses vocations. Son premier contact avec l’archéologie remonte à 1928 : émule de son professeur d’Histoire à l’École Normale, Jean Bouvet, ils publient ensemble des « Notes d’archéologie montcellienne » dans le fascicule 1 de la Physiophile.
 
      Autodidacte doué d’une intelligence exceptionnelle et d’un savoir encyclopédique, Henri Parriat multiplie rapidement ses domaines d’investigation, en excellant et en innovant dans la plupart des champs disciplinaires scientifiques et historiques abordés (botanique, géologie, zoologie, paléontologie, biospéléologie, anthropologie, archéologie, numismatique, art et architecture des églises romanes (étude des chapiteaux sculptés et des fresques cachées de l’église de Gourdon en particulier), histoire sociale, histoire religieuse, etc…). Cette polyvalence, jamais nuisible à une compétence unanimement reconnue, constitue l’un des traits les plus marquants du personnage. Très tôt, il est considéré comme l’un des meilleurs botanistes du département et acquiert, dans le domaine de la Bryologie, une notoriété internationale en échangeant des échantillons avec les plus grands spécialistes mondiaux. Véritable « flore ambulante », sa passion pour la botanique fut à l’origine de nombreuses sorties amicales aux quatre coins de l’hexagone, à la recherche d’espèces rares étudiées dans leur biotope naturel. Les fossiles stéphaniens trouvés à  Montceau furent à  l’origine de nombreuses campagnes de fouilles paléontologiques, conduites non seulement dans les découvertes locales mais aussi, à  des fins d’analyses comparatives, dans plusieurs autres affleurements régionaux (Vendenesses-sur-Arroux, St-Micaud…). À la fin des années 60, habillé en spéléologue, il explora plusieurs cavités naturelles de Bourgogne et du Bugey pour piéger les cavernicoles et étudier la répartition de cette faune spécifique. Ses travaux archéologiques de terrain se développent à partir de 1951. Il finance de sa poche les campagnes de fouilles pratiquées durant les vacances scolaires. Ce sont des moments privilégiés au cours desquels le maître se transforme en véritable chef d’une équipe d’ouvriers-lycéens volontaires, fascinés par l’enthousiasme, la simplicité et l’envergure humaine et intellectuelle de leur « Patron » (amical surnom qu’il accepte volontiers).
      Cheville ouvrière de La Physiophile à  partir de 1947, il assure presque tout seul l’animation de la Société Savante (expositions, sorties…) et la rédaction de la revue. Autant pour alimenter cette dernière en sujets nouveaux que pour son plaisir personnel, il étend ses recherches et prospections archéologiques sur tout le département, mais aussi sur la Bourgogne du Sud et le Bugey méridional (avec cependant quelques exceptions plus lointaines : gravures du Val des Merveilles, sondage au Crêt-de-la-Neige…). Elles embrassent toutes les périodes, de la Préhistoire au Moyen Age. Il écrit sur la station moustérienne de Bissy-sur-Fley, puis ouvre sa première fouille importante -préparée par une étude de la collection Perrault- sur le célèbre camp de Chassey, où ses premières observations seront confirmées par ses successeurs. Ses travaux extra-départementaux portent essentiellement sur le Bugey : trois abris sous roche pré ou protohistoriques sont explorés à la Balme-à-Roland, Glandieu et Souhait, mais aussi et surtout une vaste nécropole gallo-romaine et mérovingienne à  Briord (Ain), qui représente l’un des grands chantiers de sa vie. Dans le cadre départemental, il s’intéresse plus particulièrement à la région montcellienne, au clunisois et à la vallée de l’Arroux. En 1952-53 il se consacre aux fouilles du Portus, près de Mont-Saint-Vincent, où il retourne entre 1962 et 1966 ; elles révèlent l’existence d’un vicus gallo-romain de tailleurs de meules. Près de Cluny, il explore la villa gallo-romaine de Villerest à La Vineuse, ainsi que la Tour du Châtelet au Mont-Saint-Romain. Il découvre un niveau du Bronze final/Halstatt au sommet du Mont Dardon et prépare le travail de l’équipe américaine qui lui succèdera sur l’oppidum. Il lance aussi les fouilles de la nécropole mérovingienne de Saint-Clément-sur-Guye, en confiant l’étude anthropologique des ossements -ainsi que ceux de Briord- au regretté René Laugrand, secrétaire de la Physiophile. Après avoir étudié la cachette de bronze de Rigny, la découverte inattendue -en 1965- du fameux centre producteur de céramique gallo-romaine de Gueugnon, ponctue sa carrière archéologique d’un véritable point d’orgue. Attiré de nouveau en direction du val d’Arroux, il mobilise la plus grande partie de son énergie sur l’officine de sigillée qui va l’accaparer pendant les dernières années de sa vie. Parallèlement à ses travaux de terrain, il rédige de nombreux articles au hasard des découvertes d’objets et de monnaies qu’on lui confie volontiers (Ouroux, La Vineuse, Tallant, Cronat, La Chapelle-sous-Brançion, Oudry, Palinges, Blanot, Viry, Lugny, Sercy, Ambutrix, Lagnieu, Saint-Benoît, etc…).
 
      Dans un domaine purement scientifique, Henri Parriat doit être aussi considéré comme un pionnier : en témoigne cette méthode mise au point en 1959, destinée à identifier les essences d’après la structure du bois secondaire observée au microscope dans les échantillons de charbons trouvés en fouille. Il s’investit aussi dans la plupart des travaux organisés par les organismes scientifiques départementaux, régionaux ou nationaux (CDRA, Sociétés Savantes…), mais toujours avec une certaine retenue, dictée autant par son aspiration à une efficacité maximale que par une certaine humilité ou timidité naturelle.
      De son oeuvre, il reste 130 publications, souvent co-signées, parfois avec un nom d’emprunt, dont la moitié environ traitent d’archéologie. Il reste aussi certains aménagements de sites (Le Mont-Dardon, Briord, Gueugnon…), et plus particulièrement le Musée archéologique Jean Régnier qu’il a créé de toutes pièces à Mont-Saint-Vincent (village dont il terminait une monographie, publiée post-mortem). Les autorités administratives surent le récompenser en le faisant Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques puis dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Le lycée d’État de Montceau-les-Mines porte maintenant son nom, assurant ainsi la pérennité de son rayonnement.

 J.C. NOTET, 1996 (revu et complèté en 2016) Extrait de l’ouvrage « 30 ans d’archéologie en Saône-et-Loire »

 

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